C’est une histoire affreuse que celle de Mukhtar Maï. Cette jeune Pakistanaise est âgée de 28 ans, nous raconte Bénédicte Manier dans son livre « Quand les femmes auront disparu », quand elle est victime d’un viol collectif. A cette injustice du geste s’ajoute une injustice du motif. Car Mukhtar Maï est violée publiquement et collectivement pour le « crime » commis par son frère, Shakkur, du clan des paysans Gujjar qui a été surpris à discuter, vous avez bien lu discuter, avec Salma, une jeune fille du clan Mastoi. Ce clan demande justice en l’occurrence le viol de Mukhtar Maï. Depuis la jeune femme se bat pour laver l’honneur des femmes.
Cette histoire n’en est qu’une parmi des millions d’autres qui témoignent de la violence à laquelle les dominants soumettent les dominés, le plus souvent les dominées. Le livre de Bénédicte Manier en regorge celui coordonnée par Christine Ockrent, Le livre noir de la condition des femmes, également. Tout comme celui de deux journalistes américains, « La moitié du ciel », de Nicholas Kristof et Sheryl WuDunnn auquel Le Point consacre un dossier aussi.
Outre les violences physiques, excision donc ablation du clitoris et parfois des organes génitaux externes, viols, violences, prostitution forcée , la moitié du ciel subit également différentes formes d’exclusion. Qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion de la vie quand, dans certains états indiens, parmi les plus riches, les échographies servant à déterminer le sexe de l’enfant engagent les parents à l’avortement afin d’éviter de donner naissance à une fille, considérée par eux comme une calamité. Et ce sans parler des différences salariales entre femmes et hommes non fondées par des différences de travail. En France, un rapport de l‘Observatoire National de la Délinquance revient sur cette question de la violence conjugale notant qu’en 2007, 192 décès liés à des violences conjugales ont eu lieu (166 femmes et 26 hommes). Une femme tous les deux jours, deux hommes par mois. Sans compter les 636 viols, 87 tentatives d’homicide, et 45.600 actes de violences recensés par les services de police (ce qui laisse à penser que le chiffre est minoré, tous les actes ne faisant pas l’objet de déclaration) à l’encontre de femmes par leurs conjoints.
La moralité de l’histoire pourrait se résumer d’un clin d’œil: ne pas se marier. Mais ce n’est pas suffisant. Elle oblige la société à réagir pour lutter contre la banalisation possible de ces actes de violence, éduquer également dès le plus jeune âge à un meilleur partage des tâches, à un respect mutuel sans lequel il n’est pas possible de construire une société sereine. Et surtout pour les jeunes femmes d’aujourd’hui de continuer, sans relâche, à refuser la barbarie. Après la maîtrise de la reproduction, c’est là leur combat moderne. Et un peu le nôtre aussi.
http://www.dailymotion.com/video/x2snwu_coline-serreau-violences-conjugales_shortfilmsPour en savoir plus à partir d’articles de ce blog.
Le musée de l’homme, de David Abiker
La saison des cerisiers en fleur, de Ruriko Pilgrim
Excision: 100 millions de victimes dans le monde
Les violences faites aux femmes
Vive les femmes et le micro-ondes
Photo : Wikipédia
[…] esprit, comme le rappellent deux ouvrages effarants, Le livre noir de la condition féminine et Quand les femmes auront disparu. On lira avec un grand intérêt d’ailleurs le livre de James Canon, Dans la ville des veuves […]
Le lien est ici : http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php
Pour l’heure ce reportage n’est pas accessible mais il y en a plein d’autres dont celui-ci sur l’alcool et les jeunes par exemple qui, en ces temps d’apéro géants, est très pertinent : http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php?page=reportage-bonus&id_article=1994
Il y avait un reportage intéressant cette semaine sur la violence faite aux femmes en Palestine dans « envoyé spécial », j’imagine que le magazine peut être visionné sur france2.fr